Mardi 12 octobre, une équipe de France 3 Provence-Alpes s’est rendue sur le lac de Barreau à Saint-Rémy afin de saisir de manière plus concrète la problématique des espèces exotiques envahissantes et les compétences des Marais du Vigueirat en matière d’éradication.
La Communauté de Communes Vallée des Baux-Alpilles, chargée de la gestion du Lac de Barreau, propriété de la Ville de Saint-Rémy-de-Provence, porte un projet de restauration écologique de ce plan d’eau par la régulation des herbiers de jussies, espèces exotiques envahissantes, qui s’y développent. L’objectif pour le gestionnaire est d’intervenir mécaniquement sur les herbiers couvrant le Lac de Barreau de manière à pouvoir envisager, par la suite, une régulation manuelle régulière.
Pour mener à bien cette opération de régulation, la communauté de communes de la Vallée des Baux a décidé de faire appel à l’association Les Amis des Marais du Vigueirat. Le choix des Amis des Marais du Vigueirat pour mener à bien cette opération se justifie par l’expérience acquise, depuis plusieurs années, dans ces opérations d’arrachage de ce type.
50 tonnes de compost naturel
Recouvert à 20% de sa surface par la jussie, soit environ 2.5 hectares, le lac artificiel va demander aux équipes des Marais du Vigueirat près de 4 semaines d’intervention sous l’égide des Ateliers et Chantiers d’Insertion.
Un bateau, spécialement conçu à cet effet, équipé d’un bras mécanique prolongé par une fourche, arrache les herbiers et les dépose sur la berge ou sur un quai équipé d’un filet de levage. Une pelle mécanique dépose ensuite le contenu sur une aire de séchage. Après 1 mois de séchage, les herbiers seront transportés dans un site spécifique dédié au broyage et compostage.
15 personnes pendant 1 an pour un arrachage à la main
A raison d’1 mètres carré par heure, le travail manuel était inenvisageable pour ce type d’opération. A la fois pour des raisons financières mais aussi techniques. En effet, la méthode de régulation des jussies qui est employée dans le cadre de l’opération programmée sur le Lac de Barreau est issue d’un programme FEDER développé par les Amis des Marais du Vigueirat entre 2010 et 2015. Elle est le résultat de process très encadré car le mode de dispersion de la jussie est extrêmement rapide. Chaque fragment de tige comportant un noeud peut se bouturer et former très vite un nouvel individu. La vitesse de croissance de la plante est très importante, jusqu’à 2 cm/jour !
Devant la caméra de France 3 Provence-Alpes, David Grzyb a ainsi pu présenter les menaces liées à l’envahissement exponentiel des zones humides et des canaux par les jussies :
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- Hydraulique : limitation du libre écoulement des eaux, obturation des martelières et des ouvrages hydrauliques, envasement lié à la décomposition des herbiers de jussies et aux matières en suspension. Les jussies perturbent la gestion hydraulique des marais et augmente le risque d’inondation.
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- Biologique : modification des caractéristiques physico-chimiques de l’eau (baisse de la teneur en oxygène, du pH, augmentation de la température de l’eau…). Compétition avec les espèces végétales et animales autochtones. La prolifération des jussies génère une perte de la diversité biologique.
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- Sur les activités économiques : réduction ou empêchement de l’activité piscicole, réduction ou empêchement de l’activité cynégétique, réduction de la valeur fourragère des prairies humides colonisées, empêchement de la circulation en bateau dans les cours d’eau très colonisés.
Un contrôle et des interventions régulières nécessaires
C’est sous le contrôle de Leïla Desbiesse, conservatrice de la réserve naturelle nationale des Marais du Vigueirat que sont réalisées des opérations régulières d’arrachage au sein du site protégé. Avec son tapis végétal et son réseau racinaire dense, la jussie élimine rapidement les autres plantes aquatiques, asphyxie les milieux d’eau douce, et nuit aux poissons et à la multitude d’oiseaux d’eau qui migrent ou hivernent ici.
L’éradication totale et définitive de la cette plante ne paraît pas possible. Il est cependant nécessaire de mettre en place une gestion à long terme pour maîtriser l’expansion de l’espèce sur les sites où elle s’est implantée. Il est indispensable en premier lieu de réaliser un bon diagnostic de la situation : s’assurer que l’on a bien à faire à la jussie, cartographier les foyers et leur ampleur afin de fixer des unités géographiques cohérentes de travaux.
L’objectif ensuite est d’éviter la dissémination à partir des foyers les plus importants, de limiter leur expansion voire de les faire régresser, et d’éradiquer l’espèce là où les populations sont encore très peu développées.
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